Pour gagner, il faut parfois savoir s’allier avec le diable ! Pour le commerce de proximité, après la concurrence farouche des hyper­marchés, le diable s’est longtemps appelé Internet. Cette technologie qui permet à tout un chacun de comman­der à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, bien calé dans son fau­teuil de salon ou de bureau, à prix défiant toute concurrence, un article via une plateforme virtuelle. Face aux redoutables applications pour smart­phones, aux livraisons gratuites à domicile, aux courses par drive, les commerçants apparaissaient dému­nis.

Première alertée, la Chambre de Commerce et d’Industrie Nord-Isère a voulu réagir en leur offrant la pos­sibilité de donner, à leur tour, dans le e-commerce. Via une plateforme d’achats révolutionnaire baptisée « enbasdemarue.fr », dès le 27 juin, commerçants et prestataires de ser­vice du territoire pourront bénéficier, moyennant un abonnement de 29 euros par mois et pour un engage­ment d’un an, d’un site unique géré par la CCI Nord Isère. Digital et moderne, ce « market-place » leur per­mettra de mettre en avant leurs pro­duits dans une vitrine de vente en ligne. Testé ailleurs avec succès, le procédé devrait pouvoir augmenter leur chiffre d’affaire, tout en conti­nuant à fidéliser et développer la clientèle.

Basée sur la technique du « click and collect », enbasdemarue.fr facilitera grandement la relation commerçants/ acheteurs. C’est aussi une simplicité d’usage : un clic, sur smartphone, tablette et ordinateur pour un accès par territoire. L’initiative ne peut qu’être avantageuse car elle s’appuie sur un constat sans appel : pendant que le commerce de centre-ville n’est ouvert que 22 % du temps disponible qu’ont les actifs pour consommer, 83 % des internautes français achètent sur Internet, pour un panier moyen annuel de 2000 euros. Pour le com­merçant de base, il est devenu presque impossible de se développer sans avoir recours au e-commerce. Avec enbasdemarue.fr, les commerçants de centre-ville et bourgs nord-isérois disposeront ainsi d’une vitrine sup­plémentaire, sans réelle contrainte technique à gérer.

Lancé par la CCI Nord-Isère, avec le soutien de Groupama Auvergne Rhône-Alpes et le Conseil départe­mental de l’Isère, ce market place réussit enfin à réunir en un, le phy­sique commerçant et le digital Internet (phygital).

Avec plus de 5000 commerces de détail et 3400 prestataires de services, le président de la CCI Nord-Isère, Daniel Paraire, veut voir dans cette nouvelle surface de vente l’opportu­nité de « favoriser les centres villes et bourgs des territoires ruraux. »

UNE MEILLEURE VISIBILITÉ

À l’image de enbasdemarue.fr lancé par la CCI Nord-Isère, le e-commerce apparaît comme un des éléments indispensables aux nouvelles formes de commerce, alors que seul un tiers des entreprises de moins de 10 salariés en France possède un site web présentant leur activité en ligne.

Convaincue que son initiative pensée et réfléchie avec la complicité de la Fédération des associations de com­merçants du Nord-Isère (4500 com­merces) présidée par Christophe Carron (lire aussi en pages 12 et 13) en intéressera plus d’un, la chambre consulaire s’est donné les moyens d’aller à la rencontre des commer­çants pour qu’ils adhèrent en nombre.

LE DOUBLE EFFET…

Le plus dur, dans ce genre d’opération, étant toujours de sortir du cadre des initiés et autres convaincus. L’objectif à atteindre est à la fois noble et élevé. Il s’agit de revitaliser l’activité des centres villes, ce dont ont bien conscience les communes. « Le risque de voir nos centres villes perdre de leur attractivité existe. Ce sont des lieux auxquels on porte une grande attention. On les souhaite toujours le plus agréable possible, c’est pour cela que nous sou­tiendrons activement la démarche, » promet Jean-Pierre Girard, 1er adjoint chargé du développement économique à la mairie de Bourgoin-Jallieu. En tout cas, avec la possibilité d’allier pour la première fois l’utile (achat/ vente) et l’agréable (au bon vouloir du client), le commerçant nord-isérois à l’occasion de prendre sa revanche sur une conjoncture qui, disons-le, ne l’a jamais épargné. Pierre Pollard en est certain : « Le commerce vit une évolu­tion importante. Il travaille différem­ment dans sa façon de vendre. La grande distribution semble avoir atteint aujourd’hui son sommet et on constate que son activité est en baisse. Quant au commerce traditionnel, il apporte de la qualité. Si, en plus, il apporte une faci­lité d’achat… ».

5 GRANDS OBJECTIFS

En développant un market place, la CCI Nord-Isère, avec le soutien de son partenaire Groupama Rhône- Alpes Auvergne et le Conseil départe­mental de l’Isère songe à :

  • offrir une solution de commerce connectée structurante, fédératrice et innovante,
  • revitaliser les centres villes et villages en ramenant les clients dans les commerces,
  • créer un projet de développement partagé pour le territoire au profit des commerçants et prestataires de service,
  • défendre l’économie et l’emploi locaux,
  • être au coeur du phygital : consommer local et digital.

La CCI Nord-Isère recrute actuelle­ment les commerçants et presta­taires de service qui souhaitent bénéficier de la plate forme mise en ligne et ouverte aux internautes le 24 juin.

EN ROUTE VERS LES 100 MILLIARDS EN 2019

BOOSTÉE PAR LA MONTÉE EN FLÈCHE DU M-COMMERCE, LA BARRE SYMBOLIQUE DES 100 MDS € DEVRAIT ÊTRE FRANCHIE DANS UN AN EN FRANCE.

Avec ses 37 millions de cyber-ache­teurs qui ont dépensé chacun en moyenne près de 2200 euros, en 2017, la France s’est hissée au 3e rang européen des ventes en ligne (source La Tribune, Statista). 33 transactions en moyenne y sont effectuées, soit près de trois fois plus qu’il y a dix ans. La ques­tion de savoir s’il faut ou non verser dans le e-commerce quand on est soi-même commerçant ne se pose plus. Mieux encore si l’on vend de l’habille­ment ou des produits culturels qui caracolent en tête des ventes en ligne. D’ailleurs, le e-commerce est lui même en train d’être supplanté par le m-com­merce, autrement dit, l’achat via un smartphone ou une tablette, qui est en hausse de +38 %. Significatif, le désor­mais très médiatique Black Friday a réalisé lors de sa dernière édition un bond de +69 %.

LE COMMERCE DE DÉTAIL À LA TRAÎNE

Pour autant, si acheter un livre ou un pantalon par le biais des plates-formes en ligne est de plus en plus prisé, il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de pro­duits courants, tels que les fruits et légumes, la lessive, etc. Si bien que la part de gâteau (9 %) que se taille le commerce de détail dans le e-com­merce reste encore petite, n’augmen­tant que d’un point en un an. Mais ce qui pousse le gouvernement à favoriser la progression du e-commerce, ce sont aussi ses perspectives en matière d’em­ploi, avec près de 30 % de créations prévues dans le secteur marchand. Après avoir atteint les 93 milliards en 2018, le e-commerce devrait franchir la barre des 100 milliards un an après.